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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/194

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me persuasion que notre entreprise étoit manquée, l’embargo avoit été levé.

Ce dernier article nous donna lieu d’espérer, que comme l’Ennemi ignoroit encore que nous eussions doublé le Cap Horn, nous pourrions faire sur les Espagnols quelques captures considérables, qui nous dédommageroient de l’impuissance où nous étions d’attaquer quelques-unes de leurs principales Places. Ce que nous pouvions conclurre de certain du rapport de nos Prisonniers, étoit, que soit que nous fissions des prises plus ou moins considérables, du moins, foibles comme nous étions, nous n’avions rien à craindre de toutes les Forces de l’Espagne dans cette partie du Monde. Nous ne laissions pas d’avoir été à cet égard dans un très grand danger, dans le tems que nous l’appréhendions le moins, et que nos autres maux étaient parvenus à leur comble ; car nous apprimes par des Lettres trouvées à bord de cette prise, que Pizarro, après avoir regagné la rivière de la Plata, avoit averti le Viceroi du Pérou par l’Exprès qu’il lui avoit dépêché, qu’il se pourroit bien que quelques Vaisseaux de l’Escadre Angloise réussiroient à doubler le Cap Horn, mais que, sachant раr sa propre expérience, qu’ils ne pourroient arriver dans ces Mers qu’en fort triste état, et foibles de monde, il conseilloit au Viceroi, pour plus grande sureté, d’armer en guerre les Vaisseaux qui se trouveroient à la main, et de les envoyer vers le Sud, où, probablement, ils pourroient intercepter nos Vaisseaux l’un après l’autre, et avant que nous eussions eu l’occasion de toucher à quelque endroit pour y avoir des rafraichissemens. Le Viceroi goûta cet avis, qui étoit très bon, et fit d’abord équiper et partir quatre Vaisseaux de Callao ; un de cinquante pièces de Canon, deux de quarante, et un de vingt-quatre. Trois de ces Vaisseaux eurent ordre d’aller croiser à la hauteur du Port de la Conception, et l’autre à celle de l’Ile de Juan Fernandez. Ils restèrent jusqu’au 6 de Juin aux endroits, qui leur avoient été assignés, et ne reprirent qu’alors le chemin de Callao, entièrement persuadés que puisque nous ne paroissions pas, et que, suivant eux c’étoit une chose impossible de tenir si longtems la Mer, nous devions être péris, ou du moins avoir été obligés à nous en retourner. Comme ils ne quittèrent leur croisière que peu de jours avant notre arrivée à Juan Fernandez, il est manifeste, que si nous avions touché à cette Ile le 28 de Mai, dans le tems que nous la cherchions la première fois, et que nous n’eussions pas dirigé notre cours vers le Continent, pour assurer notre point de partance, nous aurions surement rencontré quelque partie de l’Escadre Espagnole. Or comme dans