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croiser, nous privèrent de quelques captures considérables.

Le tems s’étant un peu calmé le 27 nous envoyames notre Chaloupe pour quérir le Capitaine du Tryal. Cet Officier étant venu à bord, produisit unе pièce signée par lui et par tous les autres Officiers de son bord. Cette pièce marquoit en substance, que leur Vaisseau étoit non seulement démâté, mais faisoit aussi tellement eau, qu’il falloit pomper sans relâche, même par un tems modéré ; que par le vent frais, qu’il avoit fait en dernier lieu, quoiqu’on eût fait jouer les pompes continuellement, et qu’aucun d’eux n’eut été dispensé de mettre la main à l’ouvrage, l’eau avoit été en augmentant ; sur le tout, qu’ils craignoient de périr au premier orage qu’ils auroient à essuyer, et qu’ainsi ils prioient le Commandeur de prendre quelques mesures pour leur sureté. Mais réparer le Tryal, et le mettre en état de tenir la Mer, étoit uпе entreprise au-dessus de ses forces. Nous n’avions ni Mâts ni Agrés à lui fournir. D’ailleurs, il n’y avoit pas moyen de lui donner le radoub en pleine Mer ; et quand même nous aurions eu un Port pour cela, ç’auroit été une extrême imprudence dans une conjoncture aussi critique, de perdre autant de tems qu’en auroit exigé cet ouvrage. Ainsi il ne restoit d’autre parti à prendre au Commandeur que celui de détruire ce Vaisseau, après en avoir tiré l’Equipage : mais comme il lui parut пéсеssairе pour le service de Sa Majesté de conserver l’apparence de nos forces, il destina la prise du Tryal, que le Viceroi du Pérou avoit plus d’une fois armée en guerre, à servir de Frégate, fit passer l’Equipage du Tryal à bord de ce Vaisseau, et donna de nouvelles commissions, tant au Capitaine qu’au reste des Officiers. Cette nouvelle Frégate, dans le tems qu’elle étoit encore aux Espagnols, avoit été montée de trente-deux pièces de Canon ; mais elle ne devoit en avoir à présent que vingt, c’est-à-dire les douze qui se trouvoient à bord du Tryal, et huit qui avoient appartenu à la Pinque Anne. Cette affaire étant ainsi reglée, Mr. Anson donna ordre au Capitaine Saunders d’avoir soin qu’on tirât du Tryal tout ce qui pouvoit être de quelque usage aux autres Vaisseaux, et ensuite de le faire couler à fond. Après avoir vu exécuter ce dernier ordre, il lui étoit enjoint d’aller croiser avec sa Frégate, qui devoit s’appeller la prise du Tryal, à la hauteur des Côtes les plus élevées de Valparaiso, au N. N. O. de ces Côtes, à la distance de douze ou quinze lieues : car comme tous les Vaisseaux, qui, en partant de Valparaiso, portent au Nord, suivent ce cours Mr. Anson se proposoit d’empêcher, par ce moyen, qu’on ne reçût avis à