Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/365

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Le soir nous fumes surpris par la vue d’un spectacle, que nous primes d’abord pour l’effet de quelques Brisans, mais qui mieux examinés se trouva une espèce d’illumination, causée par des feux allumés sur l’Ile de Formosa. Nous nous figurames que c’étoient des signaux, que les Habitans faisoient pour nous engager à toucher dans cet endroit, mais c’est ce qui ne convenoit pas à nos desseins, et nous étions fort pressés de relâcher à Macao. De Formosa, nous portames à l’O. N. O. et quelquefois plus au Nord, dans la vue de gagner les Côtes de la Chine, à l’Est de Pedro Blanco, car le Rocher qui porte ce nom sert d’un très bon guide аux Vaisseaux destinés pour Macao. Nous continuames ce cours jusqu’à la nuit, pendant laquelle nous amenames souvent, pour jetter la sonde : mais ce ne fut que le 5 de Novembre, à neuf heures du matin, que nous trouvames fond, à quarante-deux brasses, fond de sable gris, mêlé de coquillages. A vingt milles delà, vers l’О. N. О. nous eumes trente-cinq brasses, même fond ; ensuite les profondeurs furent en diminuant ; de trente- cinq brasses, jusqu’à vingt-cinq : mais peu après, à notre grande surprise, elles ressautèrent subitement à trente brasses. Nous ne savions que penser de ce changement, car toutes les Cartes marquent les sondes fort régulières, au Nord de Pedro Blanco, et l’incertitude où cela nous jetta nous tint fort alertés, et nous fit virer au N. N. O. Après avoir couru trente-cinq milles, dans cette direction, les sondes recommencèrent à diminuer régulièrement, jusqu’à vingt et deux brasses, que nous eûmes enfin, vers minuit, la vue des Côtes de la Chine qui étoient au Nord vers l’Ouest, à quatre lieues de distance. D’abord nous amenames, et restames le Cap au largue, pour attendre le jour. Avant le lever du Soleil, nous fumes fort surpris de nous voir au milieu d’un nombre incroyable de Bateaux de Pecheurs, qui couvroient toute la Mer, aussi loin que la vue pouvoit s’étendre. Je crois, sans hyperbole, qu’il y en avoit plus de six mille ; chacun portant trois, quatre, ou cinq hommes ; mais la plupart cinq. Cet essaim de Pecheurs n’est pas particulier à cet endroit ; nous avons trouvé le même spectacle tout le long de cette Côte, dans notre route vers Macao. Nous ne doutames pas un moment, que nous ne trouvassions dans tout ce nombre de Pecheurs, un Pilote qui voulût nous guider dans notre route, mais quoiqu’ils rodassent tout près de notre Vaisseau, et que nous tâchassions de les attirer par l’amorce, la plus puissante sur tout Chinois, de quelque rang et condition qu’il soit, je veux dire par un bon nombre de Piastres, que nous leur faisions voir ;