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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/393

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pas paroître de second Galion, on en conclut qu’ils avoient été séparés. Peu après, le Galion hissa sa Voile de Misaine, et arriva sous ses Huniers, le Cap au Nord, déployant le Pavillon Espagnol, et l’Etendart d’Espagne, au haut du grand Mât. Mr. Anson, de son côté, avoit tout préparé pout le combat, et n’avoit rien négligé, de tout ce qui pouvoit lui faire tirer le meilleur parti possible, du peu de Forces qu’il avoit ; prenant soin sur-tout de prévenir le désordre et la confusion, qui ne sont que trop ordinaires dans ces sortes d’Actions. Il choisit trente de ses meilleurs Tireurs, qu’il distribua dans les Hunes, et qui répondirent parfaitement à son attente, par le grand service qu’ils rendirent. Comme il n’avoit pas assez de monde, pour destiner un nombre d’hommes suffisant à chaque Canon, il ne donna à chaque pièce de la Batterie d’embas, que deux hommes, qui n’étoient employés qu’à charger : le reste de ses Gens étoit divisé en petites Troupes, de dix ou douze hommes chacune, qui parcouroient l’entre-deux des Ponts, et qui avoient soin de mettre le Canon aux Sabords, et de le tirer, dès qu’ils le trouvoient chargé. Par cet arrangement il se servit de tous ses Canons, et au-lieu de tirer par bordées, qui auroient laissé entre elles des intervalles, il entretint un feu continuel, dont il se promettoit de grands avantages ; car l’usage des Espagnols, est de se jetter ventre à terre, lorsqu’ils voyent qu’on s’apprête à leur lâcher une Bordée, et de rester dans cette posture, jusqu’à ce qu’elle soit passée ; après quoi ils se relèvent, et se croyant pour quelque tems à couvert de danger, ils servent vivement le Canon et la Mousquetterie, jusqu’à ce qu’ils voyent une autre Bordée de l’Ennemi prête. En tirant coup après coup, le Commandeur leur rendit cet usage impratiquable.

Le Centurion étant ainsi préparé, et s’approchant peu à peu du Galion, il survint un peu après midi, quelques grains de vent et de pluie, qui obscurcirent l’air ; mais à chaque fois que le beau tems revenoit, on voyoit le Vaisseau Espagnol toujours au même état et faisant bonne contenance. Vers une heure, le Centurion se trouvant à la portée du Сапоn de l’Ennemi, arbora son Pavilion : et comme on remarqua que les Espagnols avoient négligé jusqu’alors de débarasser leur Vaisseau, et qu’ils étoient occupés à jetter à la Mer le Bétail et l’Encombrement, Mr. Anson ordonna qu’on tirât sur eux de ses pièces de chasse, pour troubler leur travail et les empêcher de l’achever, quoiqu’il eût donné des ordres généraux, de ne tirer qu’à la portée du Pistolet. Le Galion répondit de ses