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demander des vivres à Buenos Ayres, n’en ayant pris avec lui, à son départ d’Espagne, que pour quatre mois. Pendant que les Espagnols attendoient des provisions en cet endroit, ils reçurent avis de la part du Gouverneur Portugais de Ste. Catherine, que Mr. Anson étoit arrivé à cette Ile le 21 du mois de Décembre, et se préparoit à remettre en mer avec toute la diligence possible. Pizarro, nobobstant la supériorité des ses forces, avoit ses raisons, et suivant bien des gens ses ordres, d’éviter notre Escadre par-tout hormis dans la mer du Sud. Outre cela, il souhaitoit très fort de doubler le Cap Horn avant nous, cela seul suffisant, à ce qu’il croyoit, pour déconcerter tous nos desseins. C’est ce qui le détermina, aussi-tôt qu’il sçut que nous étions dans le voisinage, et que nous avions dessein de gagner le cap Horn, à continuer sa route avec les cinq grands Vaisseaux : La Patache ayant été jugée hors d’état de faire le voyage, fut désagréée, et on en tira l’Equipage. L’Amiral Espagnol après s’être arrêté dans la Baye de Maldonado dix sept jours, en partit sans attendre ses provisions, qui arrivèrent au lieu de leur destination le surlendemain de son départ. Nous quittames la rade de Ste. Catherine quatre jours avant qu’il ne mît à la voile, et dans notre trajet jusqu’au Cap Horn, les deux Escadres se trouvèrent quelquefois si près l’une de l’autre, que la Perle, un de nos Vaisseaux, étant séparée du reste, donna dans la Flotte Espagnole, et ayant pris l’Asie pour le Centurion pensa tomber entre les mains de l’Ennemi, et ne se sauva qu’à peine, ayant été à la portée du Canon du Vaisseau Amiral.

Les Espagnols étant partis de Maldonado le 22 de Janvier, comme il a été dit, ils ne pouvoient guère se flatter d’arriver à la hauteur du Cap Horn avant l’Equinoxe ; et avoient lieu de craindre un tems orageux, en doublant ce Cap en cette saison. Pour surmonter cette difficulté, qui étoit d’autant plus grande, que les Matelots Espagnols accoutumés à naviguer dans un Païs où l’on a presque toujours beau tems, n’entreprendroient pas volontiers une traversé si dangereuse, on avança à ces derniers une partie de leur paye en marchandises d’Europe, avec permission d’en faire commerce dans la mer du Sud. Le profit, qu’il pourroient faire par là, étoit un motif propre à leur faire supporter avec patience les travaux et les périls, qu’ils auroient probablement à essuyer avant que d’arriver sur la côte du Pérou. Pizarro avec son Escadre ayant, vers la fin de Février, dépassé la hauteur du Cap Horn, porta à l’Ouest, dans l’intention de doubler ce Cap ; mais la nuit du dernier de Février, V. S. comme ils