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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

départ ; les chevaux ramenés des environs du camp ; les cavaliers courant à travers les rochers et les buissons à la quête de ceux qui s’étaient écartés ; les clameurs après les chaudrons et les poêles à frire, empruntés d’une table à l’autre ; et les juremens, les exclamations colériques proférés contre les chevaux rétifs ou ceux qui s’éloignaient pour aller paître, même après avoir été chargés ; tout cela produisait un bruit confus dans lequel on distinguait particulièrement la voix perçante de Tony.

Le signal donné, la troupe défila en ligne irrégulière à travers le vallon et une forêt couverte, tournant et disparaissant graduellement parmi les arbres, bien que le son des voix et du cor se fît entendre quelque temps après la disparition des derniers de la colonne. L’arrière-garde resta sous le bosquet au fond du vallon, les uns à cheval, le fusil sur l’épaule, d’autres assis ou couchés près des feux, causant ensemble à demi voix et nonchalamment, tandis que les chevaux à demi assoupis se tenaient immobiles autour de leurs maîtres, comme eux à demi assoupis. Cependant un des cavaliers profitait de cet instant de loisir pour se faire la barbe devant un petit miroir accroché au tronc d’un arbre.