Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
À L’OUEST DES ÉTATS-UNIS

mortellement blessés, ils s’éloignent des autres, et cherchent une place écartée pour y mourir seuls. »

Cette peinture des derniers momens d’un daim toucha mon cœur, non endurci par le noble exercice de la chasse. Cependant ces mouvemens de pitié sont passagers. L’homme est un animal de proie, et quel que soit le changement produit en lui par la civilisation, il est toujours prêt à retomber dans son instinct destructeur. Je sentais mes penchans sanguinaires et rapaces prendre tous les jours plus de force depuis ma résidence sur les prairies.

Après une recherche minutieuse, le capitaine parvint à trouver la trace séparée de l’élan blessé, qui tournait presqu’à angle droit de celle du troupeau, et entrait sous une forêt ouverte. Les traces du sang devenaient de plus en plus faibles et rares, et se montraient à de plus grandes distances ; enfin elles cessèrent tout-à-fait, et le terrain était si dur, les herbes si sèches qu’il n’était plus possible d’apercevoir l’empreinte des pieds de l’animal.

« Il n’est pas loin, dit le capitaine, ces dindons-buses qui volent en cercles nous l’assurent ; ils planent toujours ainsi au-dessus d’une bête morte.