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À L’OUEST DES ÉTATS-UNIS

pelaient les ruines d’un château des Maures couronnant une éminence au milieu d’une solitaire campagne espagnole. Nous donnâmes à cette colline le nom de Château de Rochers.

Dans ces vastes régions de chasse, les prairies diffèrent, par la nature de leur végétation, de toutes celles que j’avais vues jusqu’alors : au lieu d’une profusion de hautes plantes fleuries et de longues herbes flottantes, celles-ci étaient couvertes d’un herbage plus court, nommé gazon de buffles, dont les tiges, quoique assez dures, fournissent un abondant pâturage dans leur saison. Maintenant elles étaient presque desséchées, et, en plusieurs places, ne pouvaient plus être broutées.

Nous approchions de cette saison agréable et sereine, mais un peu aride, nommée l’été indien. Une teinte vaporeuse tempérait l’ardeur du soleil et adoucissait les lignes du paysage en jetant sur les objets éloignés un vague mystérieux. Ce voile de vapeurs dorées s’étendait tous les jours de plus en plus, et on l’attribuait à des prairies incendiées au loin par des chasseurs indiens. À peine avions-nous fait quelques pas sur la prairie que nous vîmes des empreintes profondes de pieds d’animaux qui la traversaient en