Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/209

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gravissant le défilé, elle glissa et tomba. Un jeune chasseur, sautant à bas de son cheval, la saisit par la crinière et les naseaux. Un de ses compagnons vint à son aide. La jument lutta bravement contre eux ; elle mordait, lançait des ruades, frappait des pieds de devant ; mais un nœud fut passé sur sa tête, et tous ses efforts devinrent inutiles. Cependant elle continua longtemps à se redresser, à se cabrer, à donner des coups de pied à droite et à gauche. Les deux cavaliers la conduisirent le long de la vallée par deux lariats très longs qui leur permettaient de la tenir à une distance assez grande pour être hors de la portée de ses pieds. Sitôt qu’elle avançait d’un côté, on la tirait de l’autre ; et de cette manière, elle fut graduellement subjuguée.

Tony, qui avait gâté toute l’affaire par sa précipitation, fut plus heureux qu’il ne le méritait dans cette petite escarmouche. Il avait pris un beau poulain café-au-lait, d’environ sept mois, qui n’avait pas eu la force de suivre les autres. Le petit Français ne se sentait pas de joie. Il était curieux à voir avec sa prise. Le poulain ruait et se cabrait ; Tony le saisissait par le cou et luttait avec lui, sautait sur son dos, prenait autant de grotesques attitudes qu’un singe avec un che-