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Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/239

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queue lie la colonne, tandis qu’elle passait le ruisseau-torrent et défilait parmi les labyrinthes de la forêt. J’aimais à rester ainsi en arrière, jusqu’à ce que j’eusse vu disparaître le dernier homme et que les dernières notes du cor se fussent perdues dans les airs ; j’aimais à voir les agrestes paysages retomber dans le silence et la solitude. Cette fois, le site abandonné par notre camp bruyant offrait une scène de complète désolation. En plusieurs places les bois environnans transformés en marais fangeux ; des arbres, tombés sous la hache et partiellement dépecés, épars en fragmens énormes ; des feux mourans, devant lesquels des quartiers de venaison et de chair de buffle rôtis, posés sur des broches de bois, portaient les marques du couteau des chasseurs affamés ; le sol jonché d’os, de cornes, d’andouillers, même de morceaux de viande crue et de dindons avec leurs plumes, que les jeunes chasseurs n’avaient pas daigné ramasser, dans leur imprévoyante prodigalité ; enfin, pour compléter le tableau, une volée de busards ou vautours, qui décrivaient en l’air des cercles majestueux, et se préparaient à fondre sur le campement aussitôt que nous serions hors de vue.