Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/247

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et de terre. Un de ces buffles s’y lança, moitié en sautant, moitié en roulant, et prit sa course au milieu des roches inégales. Voyant l’inutilité de le poursuivre plus long-temps, je m’arrêtai, et le regardai s’éloigner, jusqu’à ce qu’il eût disparu dans les détours du ravin.

Tout ce qu’il me restait à faire était de tourner bride, et de rejoindre mes compagnons. Ici quelque petite difficulté se présentait. L’ardeur de la chasse m’avait entraîné bien loin, et je me trouvais au milieu d’une vaste solitude, où la perspective était bornée par les mouvemens d’un terrain onduleux, uniforme, et sur lequel, faute de traits distincts et de points de reconnaissance, un voyageur inexpérimenté peut s’égarer aussi facilement qu’en pleine mer. Pour comble d’infortune, le temps était couvert, et je ne pouvais me guider sur le soleil. Ma seule ressource était de retourner sur les traces de mon cheval, et bien souvent je les perdais dans les lieux où les herbes desséchées étaient abondantes. Pour un homme non accoutumé à explorer ces solitudes, elles ont un caractère d’abandon, d’absence de vie qui surpasse de beaucoup l’effet d’une forêt déserte. Dans celle-ci, la vue est bornée par les arbres, et l’imagination est libre