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Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/248

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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

de se représenter au-delà quelque scène plus animée ; mais sur les Prairies, l’œil se perd dans une immense étendue sans apercevoir un signe d’existence humaine. On se sent hors des limites des terres habitées ; on croit errer dans un monde dépeuplé. Tandis que mon cheval repassait lentement sur les sites de notre récente course, le délire de la chasse étant dissipé, je sentis vivement l’impression de ces circonstances décourageantes. Le silence du désert était interrompu de temps en temps par les cris d’un grand nombre de pélicans, qui se promenaient comme des fantômes autour d’un étang très éloigné, ou par le croassement sinistre d’un corbeau. Souvent aussi un loup effronté détalait devant moi ; puis, ayant atteint la distance nécessaire pour se mettre en sûreté, il s’asseyait, et se mettait à hurler sur un ton si lamentable que la solitude en recevait un nouveau degré de tristesse. Après avoir marché quelque temps, j’aperçus au loin un homme à cheval sur le bord d’une colline ; c’était le comte ; il n’avait pas été plus heureux que moi, et tous deux nous rejoignîmes bientôt notre digne camarade le virtuose, qui, les lunettes sur le nez, avait tiré deux ou trois coups infructueux.