Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ferme frontière se présenta soudain à notre vue. C’était un ténement très bas, construit en solives à la manière des habitations des nouvelles colonies, et abrité par des arbres forestiers magnifiques ; mais un véritable pays de Cocagne l’entourait. Ici une étable, des granges, des greniers où régnait l’abondance ; laides légions de pourceaux grognant, des dindons gloussant, des poules caquetant, et des couveuses, suivies de leur nombreuse famille, erraient de tous côtés dans la basse-cour.

Mon pauvre cheval, harassé, demi mort de faim, leva la tête, et dressa les oreilles à ces objets, à ces sons bien connus. Il fit entendre une sorte de bruit intérieur assez semblable à un rire tronqué, remua la queue, et fit de longues enjambées dans la direction d’une crèche remplie d’épis dorés de mais. Ce ne fut pas sans peine que je modérai sa course, et le conduisis à la porte de la cabane.

Un seul coup d’œil suffisait pour éveiller toutes les facultés gastronomiques : là étaient assis le capitaine et ses officiers, autour d’une table à trois pieds, couronnée par un plat de bœuf bouilli et de navets. Je sautai à bas de mon che-