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Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/302

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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

val, je le mis en liberté d’aller faire sa cour à la crèche, et j’entrai dans ce palais de l’abondance. Une grosse négresse, à la mine joviale, me reçut à la porte : c’était la maîtresse du logis, la femme du fermier blanc, qui se trouvait absent. Je la saluai comme une fée bienfaisante du désert qui serait venue à mon secours, dans ma détresse, et aurait conjuré, en ma faveur, un banquet enchanté. Et c’était bel et bien un banquet. En un tour de main elle tira de la cheminée un grand pot de fer, qui aurait pu rivaliser avec les fameuses marmites des Égyptiens, sinon avec le chaudron des sorcières de Macbeth ; et posant à terre un immense plat de terre brune, elle inclina le chaudron formidable, et il en sortit de beaux morceaux de bœuf, accompagnés d’un régiment de navets qui culbutaient après eux, une riche cascade de bouillon enveloppant le tout. Elle me tendit ce plat avec un sourire d’ivoire qui s’étendait d’une oreille à l’autre, en s’excusant sur son humble chère et son humble vaisselle. Humble chère ! humble vaisselle ! du bœuf bouilli et des navets, et servis dans un plat de terre ! Penser à s’excuser d’un pareil traitement envers un homme arrivant des Prairies à demi affamé ! Et quelles magnifiques ro-