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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

de fouet eussent été le plus justement appliqués.

Se voyant obligé de se contenter de recouvrer son cheval sans y ajouter le plaisir de fouetter un sauvage, le vieux Lycurgue, ou plutôt le Dracon de la frontière, s’éloigna en grommelant, suivi de son acolyte.

À l’égard du jeune Osage, nous étions tous prévenus en sa faveur ; le comte surtout, avec la vive sensibilité de son âge et de son caractère, se prit d’une si grande amitié pour cet Indien qu’il crut impossible de se passer de l’avoir pour compagnon, pour écuyer dans son expédition. Le jeune homme se laissa facilement tenter, et avec la perspective d’une course sans dangers à travers les prairies des Buffles, et la promesse d’une blanket neuve, il tourna le dos au campement de ses amis, et consentit à suivre le comte dans sa recherche des chasseurs osages. Telle est la glorieuse indépendance de l’homme dans cet état. Ce jeune Indien, avec son fusil, sa blanket et son cheval, était prêt à courir le monde dans toutes les directions qu’il lui plairait de prendre. Il portait avec lui tous ses biens, et le secret de sa liberté personnelle consistait dans l’absence des besoins artificiels. Nous autres hommes civilisés, nous sommes bien moins esclaves