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Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/75

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À L’OUEST DES ÉTATS-UNIS

Sitôt que la nuit eut remplacé le crépuscule, on plaça les sentinelles, précaution indispensable dans un pays infesté de sauvages. Le camp présentait alors un aspect tout-à-fait pittoresque. Des feux épars brillaient ou se mouraient parmi les arbres, et des groupes de Rangers les entouraient, les uns assis, les autres couchés sur l’herbe, d’autres debout, recevant les rouges reflets des flammes, ou leur profil se dessinant sur un fond noir.

Autour de quelques uns de ces foyers retentissaient les éclats d’une gaîté bruyante, les rires prolongés, les rudes exclamations ; car cette troupe ne se distinguait point par une discipline sévère, étant composée de jeunes gens de la frontière, qui ne s’enrôlaient que pour changer de place et courir les aventures ; quelques uns aussi dans le but de connaître le pays. Plusieurs étaient les voisins de leurs officiers, et leur parlaient avec la familiarité de camarades, non avec la subordination du soldat envers son chef. Pas un d’eux ne se faisait la moindre idée de l’étiquette, de la contrainte d’un camp régulier, et pas un d’eux n’aurait eu l’ambition d’acquérir une bonne renommée par son exactitude à suivre les lois d’une profession qu’ils n’avaient pas l’intention de continuer.