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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

Tandis que cette folle gaîté régnait auprès de l’un des feux, une sorte de mélodie nasale partit d’un autre, et un chœur de voix se réunit bientôt à cette très lugubre psalmodie. Le coryphée était un des lieutenans, grand homme efflanqué, qui avait été maître d’école, professeur de chant, et, par occasion, prédicateur méthodiste dans un des villages de la frontière. Ce chant s’élevait avec une tristesse solennelle dans l’air de la nuit, et me rappelait la description de semblables cantiques chantés dans les camps des Puritains. En effet, ce bizarre mélange de figures et de costumes offert par nos gens aurait fait honneur au drapeau de Praise-God-Barebones. Dans un intervalle de la psalmodie nasale, un hibou, amateur probablement désireux d’entrer en concurrence, commença ses hou-hou sinistres. À l’instant ce fut un cri général : Le hibou de Charley ! le hibou de Charley ! Il paraît que cet oiseau de ténèbres avait visité le camp toutes les nuits précédentes, et qu’une des sentinelles, garçon peu malin, avait tiré sur lui et s’était excusé ensuite d’avoir tiré étant de faction, en disant que les hiboux faisaient d’excellent soupe. Un des jeunes cavaliers imita le cri de l’oiseau de Minerve, lequel, avec une simplicité peu d’accord avec sa réputation de prud’hom-