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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

lûmes de nous embarquer nous-mêmes dans la peau de buffle. Nos deux compagnons, le comte et M.  L., avaient continué de marcher le long du rivage, avec les chevaux, pour trouver un gué que les cavaliers avaient découvert à un ou deux milles plus haut. Tandis que nous attendions les conducteurs de notre bac, mes yeux se portèrent par hasard sur un monceau de différens effets posé sous un buisson, et je reconnus parmi d’autres objets la carcasse de la fouine toute préparée à rôtir devant le feu du soir ; je ne pus résister à la tentation de lancer le malencontreux gibier dans la rivière, au fond de laquelle il tomba comme un morceau de plomb ; et notre cahute fut ainsi préservée de l’infection que cette viande savoureuse menaçait d’y apporter avec elle.

Nos hommes ayant retraversé le courant avec leur nacelle, elle fut tirée sur la rive et remplie à moitié de selles, de bissacs et d’autres bagages pesant au moins cent livres ; et lorsqu’elle fut à l’eau, on m’invita à m’y placer. Cela me parut ressembler infiniment à l’embarcation des sages de Gotham, qui voguaient sur la mer dans un bol.[1] Cependant je descendis sans balancer,

  1. Allusion à un conte populaire des États-Unis.