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À L’OUEST DES ÉTATS-UNIS

mais avec toutes les précautions possibles, et je m’assis sur le sommet des bagages, les bords de la peau s’élevant de la largeur d’une main au-dessus de l’eau. Alors on me passa les carabines, les fusils de chasse et autres objets de petit volume, mais en telle quantité qu’il me fallut enfin protester que je ne recevrais pas plus de fret. Nous entrâmes ainsi dans la rivière, la barque touée et poussée comme la première fois.

Ce fut avec une sensation demi sérieuse, demi comique, que je me trouvai flottant sur la peau d’un buffle au milieu d’une rivière du désert, entouré d’une campagne inculte et solitaire, et remorqué par un quasi-sauvage hurlant et aboyant comme un diable incarné. Pour flatter la vanité du petit Tony, je déchargeai mon fusil de chasse à droite et à gauche, quand nous fûmes au centre du courant. Le bruit fut répété par les échos le long des rives boisées, et les acclamations des cavaliers y répondirent, au grand triomphe du petit Français, qui s’attribuait toute la gloire de ce mode indien de navigation.

Notre voyage heureusement accompli, le commissaire et le reste de nos bagages furent transportés avec le même succès.

Qu’on se figure, si l’on peut, l’exaltation vaniteuse de Tony, se pavanant sur le rivage, au