Page:Waters - Les hommes du jour Sir John A. Macdonald, 1890.djvu/12

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seulement le vieux chef, en se fixant sur ces évènements qui ont diminué la distance entre l’architecte de la Confédération et la gloire, comme les chaînons du chemin de fer du Pacifique ont rapproché les deux océans.

On parle facilement d’hommes d’État, mais peu de personnes réalisent la véritable signification et l’étendue de ce mot. Dans les classes ignorantes, on donne souvent ce titre à des politiciens d’occasion et même à ces hâbleurs qui voient des dangers partout et que Ben Jonson désignait avec mépris comme « stateswomen. » Un homme d’État est chose bien rare. Il n’y en a pas trois parmi ceux qui s’occupent aujourd’hui de politique aux États-Unis ; il n’y en a pas cinq au Canada. Sir John Macdonald est, sans aucun doute, le plus grand des quatre Canadiens que nous croyons vraiment dignes de ce nom et le plus grand du continent américain. Comment une nation de cinquante à soixante millions d’habitants a produit moins d’hommes d’État qu’une nation voisine de cinq à six millions seulement, est une question que nous ne voulons pas discuter ici. Qu’on nous permette seulement de dire que nos institutions plus libres, nos traditions historiques incomparablement plus grandes, comme partie intégrale du plus vaste empire du globe, favorisent mieux la production et le développement des facultés et des talents de l’homme d’État que les rudes, égoïstes et démocratiques habitudes de la république américaine. Un Canadien illustre exprimait énergiquement, le 4 janvier 1889, son appréciation du sentiment de dignité nationale qui existe dans les deux pays, dans un sens qui appuie notre assertion et qui dénote un jugement droit, uni au patriotisme le plus éclairé : « Je préfère, disait l’honorable Oliver Mowat, être premier ministre de la province d’Ontario que gouverneur de l’État de New-York : et, si j’avais une ambition qui me manque pour une position honorifique plus haute, j’aimerais mieux être premier ministre du Canada que président des États-Unis. »

Bien que les facultés et les talents des hommes d’État soient les mêmes partout, leur politique varie considérablement selon les milieux et particulièrement entre l’Angleterre, les États-Unis et le Canada. Nulle part l’éducation politique ne commence aussi à bonne heure qu’au Canada et aux États-Unis, ce qui donnerait à croire au même degré de culture et d’avancement dans les deux