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et de procureur-général pour le Haut-Canada ; et il devint premier ministre en juillet 1858, après que l’administration eut été renversée sur la question du siège du gouvernement. Il occupa alors la position de maître-général des postes, résignant au bout de vingt-quatre heures pour redevenir procureur-général du Haut-Canada. Il s’acquitta des devoirs de sa charge avec une habileté remarquable jusqu’en mai 1862, date à laquelle l’administration dont il était membre fut renversée sur la question de la milice.

Il n’y a jamais eu dans l’opposition deux plus énergiques et brillants chefs que Sir John Alexander Macdonald et feu Sir George E. Cartier, pendant les deux années qui suivirent. Le souvenir de cette époque est resté légendaire dans les annales de nos luttes parlementaires et forme, avec la lutte de l’opposition conduite par l’honorable M. Chapleau, à Québec, en 1878 et 1879, l’âge d’or de nos débats législatifs dans les trente dernières années.

Sir John n’a guère langui dans les froides régions de l’opposition. Durant la très grande partie de sa carrière politique, il a éprouvé les vivifiantes satisfactions du pouvoir. Et c’est peut-être un des points qui resteront le mieux acquis à sa gloire d’avoir traversé de nombreuses années de bonne fortune aussi sagement que les plus mauvais jours de sa carrière. C’est dire beaucoup, car personne ne s’est montré aussi grand dans l’adversité que le vieux chef après ses désastres de 1873. Il n’a jamais perdu foi en lui-même et il a eu la rare habileté de tirer d’une ruine qui paraissait absolue le triomphe le plus brillant et le plus durable que pût ambitionner un chef politique.

Le gouvernement de l’honorable John Sandfield Macdonald ayant perdu le pouvoir, l’administration Taché-Macdonald lui succéda, le 30 mars 1864. De ce jour jusqu’à l’accomplissement de la Confédération, Sir John siégea à l’assemblée législative comme leader. Sir Étienne Taché mourut en 1865, après avoir été une des figures les plus remarquables et les plus nobles de la nationalité française. Homme à vues très larges, politicien tolérant, il fut un des actifs instruments de la Confédération. Sir John Macdonald qui, avec Sir George Cartier, avait été son plus brillant collègue, aurait pu lui succéder en 1865 ; mais, sachant que tout vient à point à qui sait attendre, il s’effaça gracieusement et modestement en faveur de Sir Narcisse Belleau.