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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/239

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SEPT POUR UN SECRET…

de ce personnage jeta un coup d’œil oblique par l’entrebâillement de la porte. Il n’en ouvrait jamais une toute grande et, à le voir faire, on croyait surprendre un homme qui a un secret bien gardé.

— Que voulez-vous ? demanda Elmer.

— Une augmentation.

— Ah, voilà le ton de votre chanson.

Fringal fit entendre son rire dur et sifflant.

— Combien ?

— Cinq shillings par semaine.

— C’est un vol.

— Je ne réponds pas de ma langue au-dessous de ce prix-là.

— Mais si je vous le donne ?

— Muet, muet comme une taupe à six pieds sous terre, muet comme un poisson dans sa coquille, muet comme un poisson dans un étang gelé…

— Muet, ça suffit.

Fringal regarda le feu d’un air de regret, comme s’il y voyait toutes les pittoresques comparaisons qu’il lui était interdit de faire.

Elmer tira le sac en peau de chamois qui lui servait de bourse.

— Tenez, dit-il, la première semaine.

— Merci bien, monsieur.

Et il empocha l’argent, fit un signe de tête, la face plissée de rire et s’éloigna.

— Fringal.

— Monsieur ?

— Portez la poule blanche et sa couvée demain matin de bonne heure chez le vieux Lovekin : soyez-y à six heures.

— Combien vous en donne-t-il ?

Fringal était jaloux. C’était lui qui avait mis les œufs à couver, soigné la poule et nourri les poussins avec de