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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/356

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SEPT POUR UN SECRET…

Ralph, presque aussi pâle que la craie, n’était pourtant pas blanc, mais gris comme un malade.

Ni l’un ni l’autre ne paraissait capable de faire un mouvement ou de prononcer un mot. Ils avaient l’air de deux hommes paralysés, tandis qu’on jetterait à la mer tous leurs biens. Il eût été impossible de dire, à l’expression de Ruth, si elle comprenait la gravité de ce qu’elle faisait. Mais que ce fût ou non le cas, elle entendait aller jusqu’au bout : c’était le désir de Robert, cela suffisait.

Les lettres blanches brillaient, implacables, sur le tableau noir :

Esmeralda. Mère. Fée. Val. Fringal bat Ailse. M. Elmer.

Ce dernier poussa un grognement perceptible. Cependant, il ne parut pas capable de se lever et de continuer. Gillian, obéissant à un mot de Robert, jouait de nouveau et Ruth écrivait toujours :

L’église de tous les saints. Montagne noire. Mme Ruth Elmer. Un bébé. Fringal l’a emporté. Ruth a oublié les mots… Dysgwlfas…

Là, la craie diligente s’arrêta, se brisa et Ruth en lança les débris par terre.

Le silence était douloureux. La musique dans l’autre pièce avait cessé. Sur la fenêtre noire, un flocon de neige s’aplatit, comme pour s’informer. On entendit du bruit dans le parloir, Gillian revenait.

— Continuez à jouer, Gillian, dit Robert, d’une voix rude, impérieuse.

Elle s’en étonna, mais retourna au piano.

Robert était à présent aussi pâle que Ralph, et ses yeux dévisageaient son rival d’un regard féroce. Voilà