Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce fut là le facteur décisif à ce moment suprême de l’été de 1940 où l’Angleterre s’est trouvée seule devant l’Allemagne victorieuse. Mais dans la période antérieure comme dans celle qui a suivi, on a mené cette guerre presque exclusivement par des méthodes purement militaires, au sens classique du mot.

Pourtant Clausewitz avait prévu une forme de guerre qui serait presque indiscernable de la révolte. Il pensait que, comme les armées de métier du xviiie siècle se sont trouvées impuissantes devant l’armée française, transformée par la Révolution en armée nationale, de même un jour une armée se trouverait impuissante devant un ennemi qui ajouterait à l’action proprement militaire le soulèvement massif de toute une population.

Ce phénomène s’est déjà produit sur une petite échelle pendant l’autre guerre, quand T. E. Lawrence, ayant élaboré une stratégie de la révolte combinée avec la guerre, souleva l’Arabie contre une armée turque instruite et en partie commandée par des Allemands.

Cette circonstance lui a été favorable, car les Allemands sont lents à réagir devant l’imprévu et désarmés par la surprise.

Il définissait l’objectif ainsi : faire que l’occupant ne possède que les quelques centimètres carrés de terre où sont posés les pieds de ses soldats, et rendre ainsi l’occupation inutile. Pour cela, combiner la propagande avec une série d’actions de guérilla contre les communications ennemies, actions préparées en secret, foudroyantes et réussissant par surprise.

Dans cette guerre-ci, étendue au globe entier, il est de plus en plus clair que le point décisif, ce n’est pas la bataille, ni même la production, mais les communications. Sera vainqueur le camp qui conservera ses communications et empêchera celles de l’ennemi,