Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/115

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quand même il subirait temporairement de graves échecs militaires.

Les nôtres sont exposés aux dangers de la mer. Celles de l’ennemi se font en grande partie sur des territoires peuplés de populations asservies et hostiles. Il en est ainsi même des nations soi-disant amies ou alliées de l’Allemagne. Le territoire même de l’Allemagne est plein d’esclaves importés des pays conquis, et qui ont le cœur plein de haine.

En plus des communications, la production de l’Allemagne s’accomplit dans les mêmes conditions.

Enfin, nous avons maintenant, grâce à l’excès des souffrances, ce que l’ennemi au début était à peu près seul à posséder, une quantité non négligeable d’êtres humains disposés à courir des risques allant à un degré aussi proche qu’on voudra de la mort certaine. Peut-être même sommes-nous à notre tour presque seuls à posséder cela ; car ceux qui avaient cette disposition d’esprit chez l’ennemi sont sans doute maintenant tombés pour la plupart, et il est douteux qu’ils soient remplacés dans la même proportion. C’est là un facteur d’une importance inestimable par sa répercussion morale dans les deux camps, si seulement on l’utilise.

Le général Smuts, il y a peu de temps, a fait constituer, pour protéger les communications alliées, un Conseil suprême de la lutte contre les sous-marins.

La France combattante ne pourrait-elle pas prendre l’initiative parallèle, et proposer au gouvernement anglais un Conseil suprême de la révolte, conseil où siégeraient, sous la présidence anglaise, des représentants de tous les territoires occupés par l’Allemagne ?

L’action de sabotage et de désorganisation sur tout le continent européen — y compris même le territoire de l’Allemagne — aurait ainsi dans la stratégie générale de cette guerre la place de premier plan qui semble lui revenir.

Cette action est susceptible de formes infiniment