Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/125

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rait mener dans un délai assez court à une situation bien meilleure que celle qui existe actuellement. L’espoir en est d’autant plus légitime qu’il semble certain que la Gestapo, qui a toute l’Europe en charge, est surmenée. Il suffit pour s’en apercevoir de comparer les conditions de travail des groupements anti-hitlériens en Allemagne après 1933 à celles des mouvements clandestins dans les territoires occupés. Bien que le facteur national rende compte en grande partie de cette différence, elle s’explique aussi certainement pour une part par une efficacité beaucoup moins grande dans la répression policière.

Enfin la proposition d’un Conseil suprême de la révolte, venant de la France combattante, si elle était suivie d’effet, modifierait beaucoup la position de la France parmi les alliés. Il devient nécessaire de rappeler au monde que la France existe. Car le monde a tendance à l’oublier. Pour certains Américains, la France a à peu près autant d’importance qu’a pour nous une île d’Océanie. C’est là un cas extrême ; mais, à des degrés divers, cet état d’esprit est assez répandu. Il serait temps que la France prenne quelque initiative éclatante.

D’autre part, quelque tournure que prennent les événements politiques pour les Français qui se trouvent hors de France, une initiative de cette nature augmenterait très considérablement le poids spécifique de ce qui jusqu’ici a été le Comité National français de Londres.

Aujourd’hui, la fonction de symbole, après tant de temps, au milieu d’événements qui se précipitent, ne suffit plus.

Le mouvement clandestin a lieu en France. Les batailles se livrent en Afrique du Nord. Toute question de personnes mise à part, il est désirable qu’une fonction concrète et spécifique vienne donner une existence en quelque sorte matérielle au milieu cons-