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Sans doute il faudrait les avoir choisies avec soin. Des femmes risquent toujours de constituer une gêne si elles ne possèdent pas une quantité de résolution froide et virile qui les empêche de se compter pour quelque chose en quelque circonstance que ce soit. Cette résolution froide se trouve rarement unie dans un même être humain à la tendresse qu’exige le réconfort des souffrances et des agonies. Mais quoique ce soit rare, ce n’est pas introuvable.

Une femme ne peut concevoir la volonté de se proposer pour la fonction esquissée ici que si elle possède à la fois cette tendresse et cette résolution froide, ou bien si elle est peu équilibrée. Mais celles qui se trouveraient dans ce dernier cas seraient facilement écartées avant le moment de la présence sous le feu.

Il suffirait pour commencer de trouver une dizaine de femmes vraiment capables d’une pareille tâche. Ces femmes, elles existent certainement. Il est facile de les trouver.

Il me paraît impossible de concevoir une autre manière d’utiliser ces quelques femmes avec une aussi grande efficacité que dans une pareille formation. Et notre lutte est tellement dure, tellement vitale, qu’on doit y utiliser autant que possible chaque être humain avec le maximum d’efficacité.


Addendum. — Voici un extrait du Bulletin of the American College of Surgeons d’avril 1942 :

« L’application immédiate de procédés prophylactiques ou thérapeutiques simples peut souvent empêcher le shock ou surmonter le shock bénin, là où l’usage de toutes les méthodes actuellement connues peut s’avérer vain si le shock a duré longtemps. »

D’après la Croix-Rouge américaine, le « shock », l’ « exposure » et l’hémorragie, choses auxquelles on ne peut remédier que par des soins immédiats, causent de loin la plus grande proportion des morts dans le combat.

La Croix-Rouge américaine a mis au point un système d’injections de plasma qui peut être pratiqué sur le champ de bataille dans les cas de shock, brûlure et hémorragie (id., p. 137).




New York.30 juillet 1942.

Cher ami,

Je profite de l’offre du capitaine M.-F. pour vous écrire plus en détail que je n’ai pu faire dans ma première lettre, que vous avez sans doute reçue.