Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/199

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On me dit que vous vous occupez particulièrement de la liaison avec le travail illégal en France. Il est certain que cette liaison est insuffisante. A. Ph. l’a dit nettement, et il a bien raison.

Il serait probablement important, à la fois du point de vue strictement militaire et du point de vue plus essentiel encore du prestige et de la propagande par les actes, de faire parfois coïncider un bombardement avec une opération de sabotage.

Plus généralement, quels que soient les plans stratégiques élaborés en haut lieu, il est indispensable d’établir une correspondance entre eux et le travail illégal en France, et de maintenir cette correspondance.

Du point de vue moral, c’est absolument essentiel. Le sentiment du manque de coordination a actuellement un effet moral déplorable. Et il viendra un moment où le moral du peuple français sera un facteur essentiel de la victoire.

Pour tout cela, il faut envoyer des gens de temps à autre. (On le fait déjà, bien sûr, mais je crois qu’il serait bon de le faire davantage.) Les autres modes de liaison, si bons soient-ils, ne peuvent pas entièrement suppléer à celui-là.

Une femme est aussi apte à être envoyée de la sorte qu’un homme, même davantage, pourvu qu’elle ait une quantité suffisante de résolution, de sang-froid et d’esprit de sacrifice.

Je crois vraiment que je pourrais être utile de cette manière. J’accepterais n’importe quel degré de risque (y compris la mort certaine pour un objectif d’une importance suffisante). Je n’insiste pas là-dessus. Vous me connaissez assez, je pense, pour savoir que si je parle ainsi, c’est que j’y ai longuement et mûrement réfléchi, que j’ai tout pesé, et que j’ai abouti à une froide résolution qui ne se démentira pas, j’aime à le