Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/200

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croire, et passera dans les actes dès qu’on m’en fournira l’occasion.

J’ai eu plusieurs fois l’occasion d’éprouver mon sang-froid devant un danger imminent de mort, et j’ai constaté que j’en avais. Vous me connaissez également assez pour savoir que je ne dirais pas cela si ce n’était pas vrai.

J’accepterais volontiers une mission dans une opération de sabotage. Quant à la transmission d’instructions générales, je pourrais aussi en être chargée d’autant mieux que j’ai quitté la France seulement le 14 mai dernier, et que j’avais des contacts avec les mouvements clandestins. Notamment je connais bien, pour avoir collaboré avec lui, l’organisateur de la publication Les Cahiers du Témoignage chrétien, qui lui-même est en contact continuel avec les chefs des autres groupements clandestins (en zone libre).

D’autre part je n’étais pas repérée dans cette action par la police.

Je vous en prie, faites-moi venir à Londres. Ne me laissez pas dépérir de chagrin ici. Je fais appel à vous en tant que camarade.

Bien amicalement,
Simone Weil.




New York.
(Non datée.)
Cher ami,

Votre lettre m’a apporté un grand réconfort dans un moment où le chagrin d’être si loin des lieux où on lutte et où on souffre, aggravé par la solitude morale, me devenait très lourd à porter.

Je vois avec joie que réellement nous sommes très proches. Nous l’étions au cours de notre jeunesse commune, et nous le sommes peut-être davantage maintenant, après une évolution parallèle.