Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/208

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l’Église, et dont la signification procède d’un enseignement du Christ.

On peut ajouter qu’il doit avoir été promulgué officiellement par l’Église. Mais je pense que cette dernière condition n’a pas une nécessité absolue ; qu’il y a des exceptions pour ceux qui sont contraints par des motifs légitimes de demeurer hors de l’Église. Il va de soi qu’à mon avis c’est mon cas ; autrement j’entrerais aujourd’hui même. Par légitimes, j’entends légitimes relativement à moi et à ma vocation particulière. Jamais je ne blâmerais ceux qui sont à l’intérieur ; j’inclinerais davantage à les envier.

Le Christ a dit : « Il faut que le Fils de l’Homme soit élevé comme le serpent de Moïse, afin que ceux qui croient en lui soient sauvés. »

Le serpent d’airain, étant élevé au bout d’un bâton, préservait des effets mortels des morsures de serpents quiconque levait les yeux vers lui.

Je pense que regarder avec cette pensée l’hostie et le calice pendant l’élévation constitue un sacrement.

Pour des motifs analogues, je pense la même chose de la récitation du Pater, dans les mots mêmes du Christ (je suis persuadée que le texte grec remonte au Christ ; il est trop beau), accomplie avec le désir d’être uniquement un intermédiaire pour une répétition de la prière du Christ.

De plus, ce que disent un certain nombre de textes sur ceux des effets des sacrements qu’on peut constater coïncide, je crois, avec ce que je constate sur moi.

Ainsi, à tort ou à raison, je ne crois pas être hors de l’Église au sens où elle constitue une source de vie sacramentelle, mais seulement hors de l’Église comme réalité sociale.

Je suis peut-être dans l’erreur — mais je serais alors la proie d’un démon d’une espèce inédite, un démon qui pousse à chercher une nourriture dans le spectacle de la messe. — C’est possible. Mais je suis obligée de me