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les Français) était dans un état d’extrême énervement, à cause de l’incertitude et des délais.

Printemps anormalement chaud ici, coupé de pluies. Les fruits, dit-on, commencent à pousser… Hélas ! Sauf les amandiers dans les rues de Londres, je n’ai pas vu d’arbres fruitiers en fleurs. Et vous ? J’espère que oui.

J’ai l’impression que vous manquez d’argent pour vous accorder le moindre plaisir. En est-il ainsi ? Dites-moi la vérité, je vous en prie. Un peu de plaisir est nécessaire en ce monde comme l’eau et le pain (ou la coca-cola et les corn-flakes).

Merci infiniment pour les papiers. Je les ai.

J’espère que vous aurez reçu ma dernière lettre où je vous parlais en détail de mon travail (si cela mérite ce nom).

Rien d’intéressant comme théâtre depuis longtemps. Mais bientôt on va, dit-on, jouer As you like it en plein air dans un parc. J’espère ne pas manquer ça.

Gardez un peu de joie au cœur, si vous pouvez, darlings.

Fondest love,
Simone.




9 juin 43
Darlings,

Vous avez dû être surpris en recevant le même câble à New York et Bethlehem à un faible intervalle, il y a un peu plus d’un mois. Il y a eu un quiproquo trop long à raconter, mais qu’un mot vous expliquera j’avais eu l’imprudence d’accepter les services de S. D. pour m’épargner une course à la poste. Cette brave petite, non seulement complique tout dans sa pensée, mais fait pousser du vaudeville tout autour d’elle.

Je me suis remise à faire chaque jour quelques lignes