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hommes et les femmes en uniforme — proteste instinctivement en se précipitant sur les films qui n’ont aucun rapport avec la guerre, fût-ce les pires navets.

Les roses sont [1] proches de leur fin. On voit des pois de senteur merveilleux. Les carottes qu’on sert crues dans les salades sont maintenant plutôt dures (ce qui ne m’empêche pas, bien entendu, d’en consommer). Le printemps est loin déjà. L’été va sans doute être court. Vraiment, une abondance de vêtements légers n’est pas nécessaire.

Il n’est pas question pour moi de pièce de théâtre, ni de poésie, ni de théorie des religions, du folklore, etc. Mais, quant au troisième point, quelque fois j’ai l’impression — exacte ou illusoire — que, dans l’arrière-boutique de ce qui me sert de cerveau, est venu quelque chose qui plus tard, quand j’aurai le loisir, sera peut-être une idée…

En tout cas ces germes d’idées vont toujours dans le même sens…

Allons, au revoir, darlings. Je vous embrasse tous les deux, encore, encore et encore.

Simone.


Reçu lettre du 9 juin, écrite à Bethlehem. Ferai tout mon possible. Serais, moi aussi, très heureuse.

P.-S. — Vu C. ; divergences moindres que je ne craignais. Mais je parle uniquement pour lui, personnellement…




5 juillet 1943
Darlings,

La dernière lettre que j’aie eue de vous était du 9 juin. Je n’ai pu deviner, en la lisant, si vos espoirs,

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