Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/82

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dépend d’une part de celle du consentement et du refus, d’autre part de la distribution du pouvoir entre ceux qui consentent et ceux qui refusent.

Tout pouvoir, de quelque nature qu’il soit, laissé aux mains d’un homme qui n’a pas accordé à cette obligation un consentement éclairé, total et sans mensonge, est un pouvoir mal placé.

De la part d’un homme qui a choisi le refus, l’exercice d’une fonction, grande ou petite, publique ou privée, livrant entre ses mains des destinées humaines, constitue en lui-même une activité criminelle. Sont complices tous ceux qui, connaissant sa pensée, l’autorisent à exercer cette fonction.

Un État dont la doctrine officielle constitue tout entière une provocation à ce crime s’est placé lui-même tout entier dans le crime. Il ne lui reste aucune trace de légitimité.

Un État qui ne s’appuie pas sur une doctrine dirigée avant tout contre toutes les formes de ce crime ne possède pas la plénitude de la légitimité.

À un système de lois où rien n’est prévu pour empêcher ce crime, il manque l’essence de la loi. Un système de lois prévoyant des mesures pour empêcher certaines formes de ce crime mais non pas d’autres ne possède qu’en partie le caractère de loi.

Un gouvernement dont les membres commettent ce crime ou l’autorisent au-dessous d’eux est traître à sa fonction.

N’importe quelle espèce de collectivité, d’institution, de mode de vie collective dont le fonctionnement normal implique ou amène la pratique de ce crime est par là frappée d’illégitimité, et sujette à réforme ou à suppression.

Un homme se rend complice de ce crime si, ayant une part grande, petite ou minime dans l’orientation de l’opinion publique, il s’abstient de le blâmer chaque fois qu’il en a connaissance, ou s’il refuse parfois d’en