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prendre connaissance pour ne pas avoir à le blâmer.

Un pays n’est pas innocent de ce crime si l’opinion publique, étant libre de s’y exprimer, n’en blâme pas la pratique courante, ou si, la liberté d’expression étant supprimée, les opinions qui circulent clandestinement ne contiennent pas ce blâme.

L’objet de la vie publique consiste à mettre dans la plus grande mesure possible toutes les formes de pouvoir aux mains de ceux qui consentent en fait à être liés par l’obligation dont chaque homme est tenu envers tous les êtres humains, et qui en possèdent la connaissance.

La loi est l’ensemble des dispositions permanentes susceptibles d’avoir cet effet.

La connaissance de l’obligation est double. Elle comprend la connaissance du principe et la connaissance de l’application.

Le domaine de l’application étant constitué par les besoins humains en ce monde, il incombe à l’intelligence de concevoir la notion de besoin, et de discerner, distinguer et énumérer, avec toute l’exactitude dont elle est capable, les besoins terrestres de l’âme et du corps.

Cette étude est toujours susceptible de révision.


EXPOSÉ DES OBLIGATIONS

Pour concevoir concrètement l’obligation envers les êtres humains et la subdiviser en plusieurs obligations, il suffit de concevoir les besoins terrestres du corps et de l’âme humaine. Chaque besoin est l’objet d’une obligation.

Les besoins d’un être humain sont sacrés. Leur satisfaction ne peut être subordonnée ni à la raison d’État, ni à aucune considération soit d’argent, soit de nationalité, soit de race, soit de couleur, ni à la valeur