Page:Weil - Intuitions pré-chrétiennes, 1951.djvu/100

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comme j’ai dit, il aura été brisé ; lui, l’inflexible,
il apaisera sa colère ; en union avec moi
et en amitié
il se hâtera à la rencontre de ma hâte.
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(Les Titans)
ils crurent que sans peine par la force ils seraient les maîtres
ils ne daignaient pas même me regarder le moins du monde.
(le mieux) me parut de prendre avec moi ma mère
et de consentir à m’allier à Zeus qui y consentait.
C’est par mes conseils…
(qu’il eut la victoire).(V. 219.)
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… les mortels malheureux, il n’en tenait compte
aucunement ; au contraire, il désirait en faire disparaître l’espèce
complètement, et en semer une nouvelle.
Et à cela nul ne s’est opposé, sinon moi.
Moi, j’ai osé. J’ai délivré les mortels
de l’écrasement qui les aurait jetés dans l’Hadès.
C’est pour cela que ces tortures me font plier.
Les souffrir est cruel, elles sont pitoyables à voir.
Des mortels j’ai pris pitié, et m’accorder la pitié
à moi-même, on ne le daigne pas ; mais féroce
est la mesure que je reçois ici, pour Zeus spectacle sans gloire. (V. 241.)
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Et certes, pour mes amis, je suis lamentable à voir.
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J’ai fait cesser chez les mortels l’attente du jour fatal.
(Chœur) — Quel remède as-tu inventé pour cette maladie ?
(Chœur) — J’ai fait habiter en eux d’aveugles espérances. (V. 250.)
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(Après une nouvelle évocation de ses souffrances)
 …… et moi, toutes ces choses, je les savais.
J’ai consenti, j’ai consenti à être dans mon tort, je ne le nierai pas.