Voir un essai d’interprétation de cette apparence plus loin, à propos de la notion pythagoricienne d’harmonie.
Prométhée a pour mère une déesse qui a pour un de ses noms Thémis, justice ; un autre est Gaia, Terre. C’est la Déesse mère, celle qu’on reconnaîtra aussi sous les noms d’Isis, de Déméter, celle dont Platon dans le Timée parle en termes mystérieux, la nommant matière, mère, nourrice, porte, empreinte, la disant toujours intacte, quoique, tout prenne naissance en elle ; celle qui était adorée dans plusieurs des lieux où on conserve aujourd’hui une Vierge noire.
Quant au père de Prométhée, Eschyle n’en parle pas du tout.
Quand l’Océan dit à Prométhée : « Ton malheur est un enseignement », cela semble d’abord la plate expression d’une pensée de prudence. Mais un sens second apparaît dans ce vers si on le rapproche de la parole : « Par la souffrance la connaissance. » Il n’y a effectivement rien qui soit davantage un enseignement que la Croix.
Tout est liberté dans ce drame fait de chaînes et de clous. Au début de la lutte entre les Titans et Zeus, chacun des deux adversaires est libre de prendre de son côté la sagesse de Prométhée. Mais les Titans n’en veulent pas. Ils la refusent. Ils choisissent d’user seulement de la force. Ils n’accordent pas à Prométhée un regard. C’est ce choix qui les condamne à la défaite, car le destin devait accorder la victoire à celui des deux adversaires qui n’aurait pas usé seulement de force, mais aussi de sagesse ; et Gaia, mère de Prométhée, le savait. Prométhée, quand les Titans se sont détournés de lui, se tourne librement vers Zeus, qui l’accueille librement et par ce consentement devient souverain de l’univers.
Plus tard, c’est librement aussi, librement et consciem-