l’éternité de la passion du Christ. Prométhée est l’agneau égorgé depuis la fondation du monde.
Une anecdote historique dont le personnage central est Dieu ne peut pas ne pas être réfractée dans l’éternité. Pascal parle de « Jésus en agonie jusqu’à la fin du monde », saint Jean, avec l’autorité souveraine des textes révélés, dit qu’il a été égorgé dès la fondation du monde. Comme parmi les ressemblances entre l’histoire de Prométhée et celle du Christ il n’y en a aucune qui soit d’ordre anecdotique, elles ne peuvent en aucun cas servir d’argument contre le caractère historique des Évangiles. Par suite elles ne peuvent que confirmer et non infirmer le dogme. Dès lors pourquoi refuserait-on de les reconnaître, lorsqu’elles sont par elles-mêmes évidentes ?
En dehors du Nouveau Testament lui-même et de la liturgie de la Semaine Sainte, on ne pourrait nulle part trouver de mots aussi poignants que ceux de certains passages de cette tragédie pour exprimer l’amour que Dieu nous porte et la souffrance liée à cet amour.
N’est-ce pas une chose extrêmement forte à pouvoir dire à tous les incrédules que celle-ci : Sans la hantise de la Passion, cette civilisation grecque dans laquelle vous puisez toutes vos pensées sans exception ne se serait jamais produite.
Il y a toutes sortes d’arguments contre une telle conception de l’histoire, mais dès qu’on y est entré elle apparaît d’une vérité tellement criante qu’on ne peut plus l’abandonner.
Une autre conception essentiellement chrétienne qui existait dans la tradition grecque, et qui apparaît dans Eschyle, surtout dans la tragédie des Suppliantes, c’est la pensée que la supplication d’un malheureux vient de Dieu lui-même et qu’on ne peut pas la repousser sans