offenser Dieu. Les Grecs exprimaient cela par une expression admirable : « Zeus suppliant. » Non pas Zeus protecteur des suppliants, mais Zeus suppliant.
Voici quelques vers de la tragédie des Suppliantes contenant cette expression :
V. 1 Ζεὺς μὲν Ἀφίκτωρ ἐπίδοι προφρόνως… (Zeus Aphiklor).
Que Zeus suppliant regarde avec bonté…
V. 192 : ἱκτηρίας, ὰγάλματ’ Ἀιδοίου Δίος (hiktêrias, agalmat’ Aidoiou Dios).
Les rameaux de supplication, images sacrées de Zeus qui a droit aux égards.
αἰδοῖος (aidoios) est impossible à traduire. Ce mot se rapporte à l’espèce particulière de respect qu’on doit à un malheureux lorsqu’on est supplié par lui. Dans l’Iliade aussi cette idée de respect est toujours jointe à celle de pitié pour exprimer ce à quoi les malheureux ont droit. Ainsi l’adolescent, fils de Priam, qui tombe sans armes ni armure aux mains d’Achille : « Je suis à tes genoux, Achille, aie égard à moi, aie pitié. » Il n’est pas honorable pour nous que ni en français ni, à ma connaissance, dans d’autres langues modernes, nous n’ayons de mot exprimer cette nuance. (Noter qu’en plus de Zeus, les Suppliantes invoquent aussi :
V. 214 : Ἁγνόν τ’ Ἀπόλλω φυγάδ ἀπ’ οὐρανοῦ θεόν
le pur Apollon, dieu exilé du ciel.
Apollon avait été exilé du ciel à la suite d’une querelle avec Zeus provoquée par la résurrection d’un mort ; et il dut aller sur terre et devenir le domestique d’un homme.)
V. 346 : Βαρύς γε μεύτοι Ζηνὸς Ἱκεσίου κὄτος
Et certes, elle est pesante, la colère de Zeus suppliant.