Page:Weil - Intuitions pré-chrétiennes, 1951.djvu/113

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comme un pur pythagoricien, — la musique, l’architecture, la sculpture, toute la science en procède, arithmétique, géométrie, astronomie, mécanique, biologie, cette science qui est fondamentalement la même que la nôtre. La pensée politique de Platon (sous sa forme authentique, c’est-à-dire telle qu’elle est exposée dans le Politique) en découle. Elle embrassait presque toute la vie profane. Il y avait alors entre les différentes parties de la vie profane et entre l’ensemble de la vie profane et de la vie surnaturelle, autant d’unité qu’il y a aujourd’hui de séparation.

Les racines de la pensée pythagoricienne remontent très loin dans le passé. Platon, en exposant la conception qui est au centre de la doctrine, évoque une révélation très ancienne, qui est peut-être même la révélation primitive (Philèbe). Hérodote dit que les pythagoriciens ont emprunté à l’Égypte au moins une grande partie de leurs croyances. Un autre historien ancien, Diodore de Sicile, je crois, signale des analogies entre la pensée pythagoricienne et la pensée druidique, laquelle, d’après Diogène Laërce, était regardée par certains comme une des sources de la philosophie grecque, ce qui, soit dit en passant, oblige à regarder la religion druidique comme étant d’origine ibérique, de même que la partie métaphysique et religieuse de la civilisation grecque vient des Pélasges.

(Par parenthèse, Ibères, Pélasges — c’est-à-dire Égéo-Crétois — Troyens et assimilés, Phéniciens, Sumériens, Égyptiens, semblent avoir formé avant les temps historiques, autour de la Méditerranée, une civilisation homogène imprégnée d’une spiritualité surnaturelle et pure. La plupart de ces peuples sont nommés par la Bible parmi les descendants de Cham. Les Hellènes sont arrivés en Grèce, au témoignage des écrivains grecs, igno-