Page:Weil - Intuitions pré-chrétiennes, 1951.djvu/124

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Proclus sont clairs : « Platon nous enseigne beaucoup de doctrines merveilleuses concernant la divinité au moyen de notions mathématiques. »

11 [B 139-160] Plus claire encore est cette phrase de Philolaos (à joindre à celles citées ci-dessus) : ἴδοις δέ κα οὐ μόνον ἐν τοῖς δαιμονίοις καὶ θείοις πράγμασι τὰν τῶ ἀριθμῶ φύσιν καὶ δύναμιν ἰσχύουσαν, ἀλλὰ καὶ ἐν τοῖς ἀνθρωπικοῖς ἔργοις καὶ λόγοις πάντα καὶ κατὰ τὰς δημιουργὰς τὰς τεχνικὰς πάσας καὶ κατὰ τὰν μουσικὰν (idois de ka ou monon en tois daimoniois kai theiois pragmasi, tan tô arithmô phusin kai dunamin ischuousan, alla kai en lois anthrônikois ergois kai logois panta kai kata tas dêmiourgas tas technikas pasas kai kara tan mousikan).

« On peut voir quelle puissance a l’essence et la vertu du nombre, non pas seulement dans les choses religieuses et divines, mais aussi partout dans les actes et les raisonnements humains et dans toutes les opérations des diverses techniques et dans la musique. »

(Les choses religieuses et divines, δαιμονίοις καὶ θείοις πραγμασί (daimoniois kai theiois pragmasi), c’est-à-dire, si on se réfère au Banquet, ce qui concerne Dieu comme tel et comme Médiateur.)

Cela est net. C’est comme si Philolaos disait : On aurait tort de croire que la mathématique s’applique seulement à la théologie. Elle s’applique aussi, par surcroît, par l’effet d’une coïncidence merveilleuse, aux choses humaines, à la musique, aux techniques.

Si le passage du Timée sur la proportion a en plus de son sens visible un sens théologique, ce sens ne peut être que celui des paroles du Christ citées par saint Jean, qui sont tellement semblables.

L’allusion est évidente. De même que le Christ s’est reconnu comme l’homme de douleurs d’Isaïe, et le Messie