la vie spirituelle, depuis la Renaissance, il semble qu’il y ait quelque chose de diabolique. Il serait vain de vouloir y remédier en maintenant la science dans le domaine de la simple nature. Il est faux qu’elle appartienne tout entière à ce domaine. Elle y appartient seulement par ses résultats et ses applications pratiques, mais non par son inspiration ; car dans la science comme dans l’art toute nouveauté véritable est l’œuvre du génie ; et le vrai génie est surnaturel, contrairement au talent. Elle n’appartient pas non plus au domaine de la nature par son action sur l’âme, car elle confirme dans la foi ou elle en détourne, elle ne peut pas être indifférente. Si elle redevenait fidèle à son origine et à sa destination, la rigueur démonstrative serait à la charité dans la mathématique ce qu’est la technique musicale à la charité dans les mélodies grégoriennes. Il y a un plus haut degré de technique musicale dans le chant grégorien que dans Bach et Mozart eux-mêmes ; le chant grégorien est à la fois pure technique et pur amour, comme d’ailleurs tout grand art. Il doit en être exactement de même pour la science qui, comme l’art, n’est pas autre chose qu’un certain reflet de la beauté du monde. Il en était ainsi en Grèce. La rigueur démonstrative est la matière de l’art géométrique comme la pierre est la matière de la sculpture.
La définition pythagoricienne de l’amitié, appliquée à Dieu et à l’homme, fait apparaître la médiation comme étant essentiellement amour et l’amour comme étant essentiellement médiateur. C’est aussi ce qu’exprime Platon dans le Banquet.
La même définition s’applique aussi à l’amitié entre hommes quoiqu’il y ait là plus de difficulté, puisque Philolaos a dit : « Les choses de même espèce, de même racine et de même rang n’ont pas besoin d’harmonie. » Il