Page:Weil - Intuitions pré-chrétiennes, 1951.djvu/30

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est engendrée est un vivant spirituel, ou un esprit vivant. C’est donc une personne. C’est l’esprit absolument parfait à tous égards. C’est donc Dieu. Il y a donc trois personnes divines, le Père, le Fils unique et le Modèle. Pour comprendre que la troisième puisse être nommée le Modèle, il faut se reporter à la comparaison du début du Timée, la comparaison avec la création artistique. L’artiste de tout premier ordre travaille d’après un modèle transcendant, qu’il ne se représente pas, qui est seulement pour lui la source surnaturelle de son inspiration. Dès qu’on remplace modèle par inspiration, la convenance de cette image appliquée au Saint-Esprit est évidente. Même en concevant la comparaison sous sa forme la plus grossière, quand un peintre fait un portrait, le modèle est le lien entre l’artiste et le tableau.


34 b

L’âme (i.e. l’Âme du Monde), il la mit au centre ; il l’étendit au travers de tout et encore en dehors de l’univers corporel et l’en enveloppa, et, enroulant en cercle un ciel circulaire, il l’établit un, unique, solitaire, capable par sa vertu propre d’être son propre compagnon, n’ayant besoin de rien qui fût autre que lui, connu et aimé suffisamment lui-même de lui-même. De cette manière il engendra ce Dieu heureux.


34 c

Il a établi l’Âme (du Monde) première par rapport au corps en ancienneté comme en dignité, et l’a donnée au corps comme une maîtresse et une souveraine à qui obéir.


36 b

Toute cette composition, il la fendit en deux dans le sens de la longueur ; puis il appliqua les parties l’une sur l’autre par le milieu, comme dans la lettre chi ; il les courba en cercle et les rattacha l’une à l’autre en face du point de croisement puis il les enveloppa dans le mouvement qui tourne d’une manière identique dans le même lieu.