ment du contact avec la force, et il ne peut se préserver que par amour. Par amour, il doit imiter l’Amour qui ne souffre jamais rien sans avoir consenti à le souffrir. Il est possible à l’homme aussi d’être ainsi. Il lui suffit de consentir pleinement, à tout instant, par amour pour l’ordre du monde créé par Dieu, à toutes les blessures que pourront lui apporter le cours des événements, sans aucune exception. Ce « oui » sans condition qui se prononce au plus secret de l’âme, qui n’est que silence, est entièrement soustrait à tout danger de contact avec la force. Bien d’autre dans l’âme ne peut y être soustrait. Cette méthode est simple. Il n’y en a pas d’autre. C’est l’amor fati, c’est la vertu d’obéissance, la vertu chrétienne par excellence. Mais ce oui n’a de vertu que s’il est tout à fait inconditionné. La moindre réserve mentale, même presque inconsciente, suffit à lui ôter toute efficacité. S’il est inconditionné, il transporte réellement dans les cieux, dans le sein du Père, la partie de l’âme qui le prononce. C’est une aile.
Pour imiter l’Amour divin, il faut aussi ne jamais exercer la force. Étant des êtres de chair et pris dans la nécessité, nous pouvons être contraints par une obligation stricte de transmettre la violence du mécanisme dont nous sommes un rouage, par exemple comme chefs sur des subordonnés, comme soldats sur des ennemis. Il est souvent très difficile, douloureux et angoissant de déterminer jusqu’où va l’obligation stricte. Mais il est simple de prendre comme règle de ne jamais aller vis-à-vis d’autrui ni même vis-à-vis de soi-même dans l’usage de la contrainte, même d’un millimètre au delà de l’obligation stricte, et cela non seulement à l’égard de la contrainte proprement dite, mais aussi de toutes les formes déguisées de la contrainte, la pression, l’éloquence, la persua-