en grec, et surtout chez un pythagoricien comme Platon, est un terme géométrique qui se rapporte à l’identité de rapports, à la proportion. Quand Platon parle d’assimilation à Dieu, il ne s’agit plus de ressemblance, car aucune ressemblance n’est possible, mais de proportion. Une proportion n’est possible entre les hommes et Dieu que par une médiation, le modèle divin, le juste parfait est médiateur entre les justes et Dieu. Là-dessus voir plus loin ce qui concerne la doctrine pythagoricienne.
Tout porte à croire que l’Amour absolument juste du Banquet est la même chose que le modèle divin du Théetète et le juste parfait de la République.
Pour que la justice divine puisse être pour les hommes un modèle à imiter, il ne suffit pas qu’elle soit incarnée en un homme. Il faut encore qu’en cet homme l’authenticité de la justice parfaite soit manifeste. Pour cela il faut qu’en lui la justice soit vue sans prestige, nue, dépouillée de tout l’éclat que donne la réputation de la justice, sans honneur. Cette condition est contradictoire. Si la justice apparaît, elle est voilée d’apparence, enveloppée de prestige. Si elle n’apparaît pas, si personne ne sait que le juste parfait est juste, comment servirait-il de modèle ?
La justice réelle est également dissimulée par l’apparence de justice et par l’apparence d’injustice. Pour qu’elle serve de modèle, il faudrait justement qu’elle soit vue nue, sans apparence. Cela est absurde. Ainsi il ne sert de rien qu’elle soit ici-bas sur terre. Sa présence est inutile si le contact avec elle nous manque.
Nous n’avons accès qu’aux apparences et les apparences sont du prestige appartenant au royaume de la force. L’apparence de la justice est un moyen de se procurer certains avantages et on l’obtient par certains procédés. Elle fait partie des rouages de la nécessité. Il y a une dis-