Page:Weil - La Condition ouvrière, 1951.djvu/125

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fait telles et telles choses sans lumière. » « Elle n’aurait pas dû répondre au chef (elle avait refusé de faire le travail), elle aurait dû aller dire au sous-directeur : J’ai eu tort, mais, etc. » « Quand on doit gagner sa vie, il faut faire ce qu’il faut. » « Quand on a sa vie à gagner, il faut être plus consciencieux (!). »


Quelques ouvrières :


La vieille qui est allée en Russie en 1905 — qui ne « s’ennuyait jamais quand elle vivait seule, parce qu’elle lisait le soir — qui a une Schwarmerei pour Tolstoï (Résurrection : « sublime », « cet homme comprenait l’amour » ).

Celle qui a un port de reine et dont le mari travaille chez Citroën.

Celle de trente-six ans qui vit chez ses parents.

L’Alsacienne.


Quelques ouvriers :


Le magasinier.

L’ancien ajusteur et professeur de violon.

Le blond à l’air conquérant, manœuvre spécialisé.

Jacquot.

Le régleur en chef.

Le gros gars du Nord, régleur.

Le charmant type à lunettes (régleur ou chef d’équipe ?).

Celui au four qui chante tout le temps.



L’ignorance totale de ce à quoi on travaille est excessivement démoralisante. On n’a pas le sentiment qu’un produit résulte des efforts qu’on fournit. On ne se sent nullement au nombre des producteurs. On n’a pas le sentiment, non plus, du rapport entre le travail et le salaire. L’activité semble arbitrairement imposée et arbitrairement rétribuée. On a l’impression d’être un peu comme des gosses à qui la mère, pour les faire tenir tranquilles, donne des perles à enfiler en leur promettant des bonbons.

Savoir si un ouvrier qualifié ?…

Question à poser au magasinier : Est-ce qu’on invente parfois des outils ?

Question : Quelles répercussions ont eues sur le dévelop-