Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/317

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toire agréable ; d’anciens vaudevilles, français dont l’action est transportée d’un côté des Vosges à l’autre donnent la matière d’un Lustspiel et d’une Posse tout neufs. Aux entr’actes, l’orchestre exécute plus souvent du Lecoq, du Planquette, du Delibes que du Brahms et du Raaf. On paye soixante kreutzers d’entrée ; on s’attable commodément, sous un platane, devant une excellente chope de bière de Munich, et l’on s’en va, vers dix heures, s’étant diverti sans longue veille et sans grande dépense. Ne m’alléguez pas nos jardins chantants de Paris ; on est tassé, serré, encaqué de telle sorte dans ces boîtes de hareng à l’air libre, que la soirée y serait un supplice, même sans la présence de cet usurier, décoré du nom de garçon de café, qui vient vous avertir toutes les demi-heures de renouveler, moyennant un ou deux francs, votre empoisonnement par des consommations d’ordre composite dont les éléments relèvent du laboratoire municipal. Rien ne donne moins l’idée du Sommertheater allemand, simple, économique et sain. Je n’ai rencontré qu’une fois sur le sol français le théâtre d’été ; c’est, il y a trente ans, à Blidah : on y donnait un Bal du grand monde et le Gamin de Paris devant MM. les militaires de tout grade et devant les colons des deux sexes. C’était là ce qui pouvait s’appeler un public. Quels rires ! Quel air de bonheur ! On voyait bien que