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A PROPOS DE THÉATRE

ces gens-là n’avaient payé leur place ni un louis ni un écu ! Comment se fait-il que Paris soit si en arrière de Blidah ! Comment n’a-t-il de théâtre d’été ni aux Champs-Élysées, ni au bois de Vincennes, ni au bois de Boulogne, ni sur la vaste prairie aisément accessible qui s’étend sur la rive droite de la Seine, en face de l’île de la Grande-Jatte ! Les distances, la cherté du terrain, la fausse idée qu’on ne peut rien tenter en matière de représentations scéniques sans un appareil brillant et compliqué, peut-être notre goût plus difficile qui ne se contenterait pas d’acteurs tout ordinaires, expliquent ce phénomène ; et puis, il n’est pas de bon ton de se faire voir à Paris après le Grand Prix. Contentons-nous, il le faut bien, à défaut de salles d’été, de directeurs d’été. Qui sait si à la suite des directeurs d’été ne viendront pas bientôt les salles d’été ?

Je ne veux point quitter Paris sans recommander aux amateurs de poésie dramatique la nouvelle traduction du drame indien de Sacountala, dont M. Abel Bergaigne, maître de conférences à la Faculté des Lettres de Paris, et M. Paul Lehugeur, professeur au lycée Charlemagne, viennent d’enrichir la collection Jouaust[1]. Le volume est charmant d’aspect, comme il convient pour un ouvrage aussi élégant et aussi

  1. Paris, Librairie des Bibliophiles, 1884.