Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/353

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plus aristocrate en ce sens qu’on puisse trouver trace, dans ses premiers écrits, d’une conception quelconque de gouvernement oligarchique. Encore moins a-t-il été aristocrate en ce sens qu’à aucune époque il aurait jamais affecté des manières de grand seigneur, des goûts de haute existence, le dédain des petits ; sa vie, dont le train a toujours été plus modeste que sa fortune, ne nous montre en aucun moment un étalage de marquisat, comme celle d’Eugène Sue ou un étalage de magnificence patricienne, comme celle de Lamartine. La vérité donc, l’exacte et profonde vérité, plus honorable pour Hugo que les métaphores tirées « de l’ombre et de la lumière » dont il embellit l’histoire de ses métamorphoses c’est qu’il n’a pu accomplir les progrès, dont il se vante, de l’oligarchie et du pur royalisme à l’aristocratie, attendu qu’il n’a pas eu du tout pour point de départ de l’oligarchisme et que le royalisme de sa jeunesse, pour fervent qu’il ait pu le sentir entre les années 1818 et 1825, n’avait point le caractère réfléchi d’une doctrine politique. Ce royalisme était la première efflorescence de la puissante faculté historique qui fait partie de son génie. Vous retrouverez les échos de ce royalisme d’historien et de poète jusque dans la Légende des Siècles qu’il écrivit plusieurs années après que sa conversion à la république l’avait fait enfin passer, selon sa bizarre for-