Page:Wells - La Russie telle que je viens de la voir.djvu/58

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Cela n’a même rien de commun avec les rues de Londres le dimanche, où les magasins, aux stores soigneusement baissés, dorment d’un sommeil paisible et plein de décorum, prêts à se réveiller le lundi et à reprendre le cours de leur activité, un moment interrompue.

À Petrograd, les magasins ont l’air d’épaves ravagées à fond et abandonnées. La peinture s’écaille, les glaces des devantures sont fêlées ou défoncées, — souvent remplacées par des planches.

Quelques boutiques laissent encore entrevoir, derrière des vitres souillées et copieusement placardées d’affiches, de pauvres restes de marchandises sans valeur. Le verre s’est terni, la poussière de deux années s’est accumulée sur les comptoirs et les rayons.

Ces magasins sont morts, ils ne s’ouvriront plus — jamais !

Tous les grands marchés de Petrograd qui rappelaient les bazars orientaux sont également fermés, — condition indispensable de la lutte désespérée que soutiennent les autorités pour maintenir le contrôle sur la répar-