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LA ROUTE DU SIMPLON.




La route du Simplon est depuis seize ans l’objet de l’admiration de tous les voyageurs. Elle est peut-être ce qui a été fait de plus étonnant, depuis que l’on construit des routes. Elle surpasse les ouvrages des Romains, autant par la hardiesse de la conception que par la perfection du travail. Ceux qui ont élevé le Colisée, étoient loin de s’imaginer qu’on parviendrait à réduire des montagnes de sept à huit mille pieds d’élévation, à une pente de deux pouces par toise. Ils savaient bien combler des profondeurs moyennant des voûtes surmontées les unes par les autres ; mais qu’ils seraient étonnés s’ils pouvaient voir, comment les énormes barrières qui avaient opposé de si grands obstacles au héros de Carthage et à leurs propres légions, ont cédé aux efforts et au génie des descendans de ces mêmes Gaulois, auxquels ils se croyaient si supérieurs.

Napoléon, en méditant durant les longues négociations de la paix de Campo-Formio sur les moyens d’assurer à la France la conquête de l’Italie, semble avoir eu le premier le pressentiment de l’importance d’une communication par le Simplon. Il en écrivit au Directoire exécutif (note A.) au mois de Mai 1797, et envoya un ingénieur sur les lieux, pour savoir ce que coûterait une route à établir dans cette direction. Il chercha en même tems à ouvrir une négociation avec le Valais. Le résultat de ces différentes démarches n’est pas connu ; toutefois la république Cisalpine s’occupa dès l’année 1798 (an VI.) de l’ouverture d’une route par le Simplon, et Mr. Céard, chargé depuis en qualité